Assassin’s creed odyssey :  l’histoire d’un renouveau ?

Il existe peu de licence dont la création a établi un genre de jeu à part entière et Assassin’s Creed est l’une d’entre-elles. Considéré comme un jeu incontournable de ces dix dernières années. Fort de sa place de pionnier, Ubisoft et ses équipes de développeurs a inondé, chaque année, le marché de ces jeux. Aussi a-t-on vu une multitude d’histoires et de personnages sortir de l’ombre grâce à ce travail acharné et inspiré…au moins jusqu’à un certain point.

En effet, depuis quelques épisodes déjà, les joueurs ont vu la licence s’essouffler. A l’instar de tout novateur, Assassin’s Creed a connu un complexe de supériorité qui l’a rendu feignant. Pourquoi modifier une formule qui a su convaincre des milliers de joueurs durant plus de dix ans ? Quel intérêt de revenir sur ces mécaniques alors même que la concurrence s’en inspire à chaque fois ? Ce sont des faits indubitables. Cette licence a instauré ses codes et quoi que l’on puisse en penser, elle est l’une des plus éminentes fondations de l’univers vidéoludique moderne. Evidemment, nombreux sont les jeux souhaitant lui arracher cette place. Et aujourd’hui, plus qu’hier, Assassin’s Creed se voit confronter à de sérieux challenger.

Pour répondre à ces nouveaux défis, Ubisoft a essayé d’incorporer plusieurs dimensions à son intrigue et peut-être, trop. Brouiller l’eau pour la rendre profonde, n’est clairement pas un procédé qui sache duper les joueurs des premières heures, c’est même tout le contraire. Mais qu’en pense les nouveaux ?

Mon premier assassin’s creed

Alors oui, cela peut paraître relativement incroyable mais c’est un fait : Assassin’s Creed Odyssey est mon premier titre de la licence.

Très honnêtement, je ne saurais pas expliquer de façon rationnelle pourquoi durant ces dix dernières années, je n’ai pas trouvé l’envie de jouer à cette série. Pourtant, ce n’était pas faute d’en avoir entendu parlé. Etant passionnée d’histoire, j’aurais du naturellement me tourner vers Ezio et ses comparses, au lieu de ça, je lui ai préféré Lara Croft. Il n’existe aucun point de comparaison entre ces deux jeux, j’en suis pleinement consciente. Néanmoins, cela me permet d’éclaircir un point ô combien essentiel à mes yeux : je favoriserais toujours un jeu dont le personnage principal est une femme. Cela peut paraître risible voire trop partisan, pour autant il ne serait pas juste envers Assassin’s Creed que de ne pas évoquer l’une des raisons pour lesquelles je n’ai pas trouvé l’envie découvrir la licence.

Cela ne vous a sans doute pas échappé, mais l’ensemble des jeux dont j’ai parlé jusqu’ici avait ce point commun. Malgré tous les bons retours que j’ai eu à propos d’Origins, j’ai souhaité conserver cette ligne directrice et ainsi faire la rencontre de Kassandra.

Kassandra

Kassandra, la Misthios

Il faut avouer que pour un vrai premier personnage principal féminin, Ubisoft a su trouver le bon ton avec cette spartiate. Bien que n’ayant pas joué aux précédents épisodes de la licence, je peux néanmoins affirmer qu’elle possède un charisme que seul Ezio peut égaler. Même si celle-ci n’a pas une histoire propre à sa personnalité, Kassandra éclipse indéniablement son équivalent masculin. Il s’agit pas là d’une tribune féministe, mais il faut néanmoins reconnaître une vérité quand elle se manifeste. Ce point est d’autant plus important lorsque l’on connaît les dessous du studio et les pressions misogynes de son ancien patron. En effet, lors de sa conception, Assassin’s Creed Origins était censé mettre au centre de son intrigue Aya, la femme de Bayek – le héro finalement désigné. Ce projet a été abandonné en raison du fait que les personnages féminins étaient, soit disant, pas assez vendeurs. Ce qui est une position difficilement défendable de façon éthique autant rien que d’un point de vue arithmétique. Comme nous l’avons vu, Tomb Raider et Horizon Zero Dawn sont deux éminentes licences aux personnages principaux féminins et cela ne les a pas empêcher de connaître un grand succès auprès du public. Sans parler de Last Of Us II qui, en plus de s’être écoulé à plus de 4millions d’exemplaires trois jours après sa sortie, a remporté le prix du meilleur jeu de l’année 2020.

Même sans être résolument investie dans la cause féminine pour une meilleure représentation des femmes dans le monde du jeu vidéo, je dois bien admettre que ces politiques proprement scandaleuses m’ont, au moins de façon inconsciente, tenues à l’écart puisque comme beaucoup je n’ai appris la vérité qu’assez tardivement. Quand bien même il ait été décidé que le fait de jouer Kassandra ou Alexios n’ait que peu d’importance en terme d’intrigue, il est néanmoins important de noter que l’ajout de la spartiate dans les rangs des mercenaires a été une première vraie victoire. Evidemment, rajouter un personnage dont l’unique but est de représenter une frange de la population, juste pour faire acte de présence, n’est pas forcément non plus une manœuvre dont la sincérité se doit d’être outrageusement célébrée.

Amphores
Statut zeus
épave

Une autenthique virée au coeur de la Grèce Antique ?

Outre le fait que la licence possède des héros très charismatiques, Assassin’s Creed est surtout un jeu qui, depuis sa création, propose des contextes historique particulièrement soigné. En est-il toujours de même avec Odyssey ?

Je dois avouer que j’ai été agréablement surprise par la qualité du contenu historique proposé. En effet, si l’on met de coté une grande partie de l’intrigue du jeu, celui-ci conserve malgré tout des éléments tout à fait véridique. Et en tant qu’historienne, je me suis absolument régalée. Alors, oui, je sais que le studio a toujours travailler avec des gens du métier afin de coller au plus près des réalités historiques et c’est une volonté que je ne peux que saluer. Cela revient pourtant à reconnaître un paradoxe auquel il m’est difficile d’échapper : l’histoire n’a guère donné aux femmes la place qu’elle méritait. Aussi, sans pour autant excuser Ubisoft, tout ne semble pas forcément composé de blanc et de noir. Les arguments exprimé par les patrons du studio étaient fallacieux, c’est un fait, mais d’un certain coté toutes les périodes historiques n’offrait pas les mêmes libertés aux femmes. Et il est relativement étonnant d’avoir choisi l’Antiquité grecque pour enfin donner l’occasion de jouer un personnage féminin.

Pourquoi ? Parce qu’il est important de souligner le fait que les femmes n’étaient pas des êtres comme les autres. A Athènes, celles-ci étaient considérées comme d’éternelles mineures, ne possédaient ni droits ni propriétés en leur nom. Il ne s’agissait même pas de citoyenne à part entière puisqu’elles étaient exclue par nature de la vie politique. Le sort des jeune femmes de Sparte semble quant à lui un peu moins définitif puisqu’il est relaté que certaines d’entres-elles avait le droit à une éducation rudimentaire de l’écriture et de la lecture. Pour autant, Plutarque préconisait aux hommes de les garder sous clefs afin d’être sûr de la paternité de leurs enfants. 

 

C’était certes au Ier siècle, soit quelques centaines d’années avant la naissance de notre héroïne, néanmoins cela témoigne d’un enracinement d’une coutume visant à vouloir garder la femme au foyer pendant que les hommes œuvraient à la vie de la cité.

 

Théâtre athéniens

Dans les rues d’athènes

Malgré cela, il est difficile de ne pas reconnaître à Odyssey un incroyable soucis du détail quant à la modélisation des villes et différents personnages que notre héroïne rencontre au cours de son aventure. Très sincèrement, quand je me promenais à l’intérieur d’Athènes, Corinthe ou Mykonos, j’avais vraiment le sentiment d’y être. L’esthétique ainsi que les ambiances propres à chacune de ces localités étaient toutes singulières, comme cela devait être le cas à l’époque. En effet, les îles grecques ainsi que le continent possédaient tous une identité propre, ce qui les rendait particulièrement intéressantes mais aussi faible politiquement. Constamment harcelés par leurs voisins Perses, les grecs ne pouvaient demeurer isolés les uns des autres sans prendre le risque de se faire engloutir.

C’est ainsi qu’émergea l’Athènes de Périclès, celle du Ve siècle. Et c’est précisément durant cette période paradoxale que s’inscrit notre histoire. Paradoxale parce que le monde grec connaît une incroyable croissance et puissance pendant ces années, tout en étant victime d’une domination au profit d’une seule nation : Athènes. Nous prenons souvent l’exemple de cette cité dont le caractère démocratique a contribué à laver ses pratiques plus que douteuses auprès des autres villes. Et Assassins’ Creed Odyssey nous en donne un portait tout à fait nuancé mais pertinent grâce à l’ascendance spartiate de notre héroïne et sa fonction de misthios. Tout au long de notre aventure avec Kassandra, nous avons le choix de combattre pour la nation qui nous semble être la meilleure. De la même façon, il devient possible de prendre les armes contre Athènes en rejoignant les rangs de la Ligue de Délos; ensemble de peuples ayant réellement existé et s’étant rebellé contre l’asservissement d’Athènes.

J’ai été particulièrement séduite par ces touches de réalités. Et plus particulièrement par le nombre incroyable de personnages historiques que nous rencontrons au quatre coin du monde grec. Comme j’ai pu être enchantée à la vue d’Hérodote, Le père de l’Histoire ! Le premier historien dont les travaux exceptionnels nous ont permis tant de découvertes sur l’antiquité.

Détails
Héron
Paysage
Herodote

Un openworld nouvelle formule ?

Bien consciente que cela va paraître un peu étrange de tenir de pareils propos quand on a jamais jouer aux opus précédents. Néanmoins, a son annonce Odyssey a été présenté comme un Assassins’s Creed nouvelle formule. Fini les indications sur les cartes avec de gros point signalant à qui parler pour poursuivre la quête. Il était désormais établi que nous aurions affaire à un vrai openworld où le joueur devrait explorer de fond en comble les différentes îles afin de vivre une aventure innovante. Combien de fois avons-nous entendu de la part de joueurs la lassitude face à l’apparente facilité à aller d’un point A à point B lorsque ceux-ci étaient clairement indiqué ? Beaucoup trop et personnellement, je n’ai jamais pleinement partagé cet avis. Alors, oui, cela enlève un peu de charme mais si l’histoire dans laquelle s’inscrit les quêtes est suffisamment intéressante, il n’y a pas, à mon sens, de problème d’immersion. Je trouve ça plus agréable de savoir où aller, plutôt qu’errer deux heures sur une île qui, une fois sorti de la ville, ressemble à la précédente que j’ai visité.

Ce manque de diversité se retrouve aussi dans la nature des quêtes secondaires. Celles-ci se résument toujours aux mêmes impératifs : tuer des bandits, des bêtes sauvages ou libérer des forts. Alors, je suis bien consciente qu’il est difficile de ne pas proposer des missions de natures identiques quand on propose un jeu aussi dense en terme de contenu. Néanmoins, au bout de 60 heures, cela commence un peu à assombrir l’expérience. Tant est si bien que j’ai personnellement arrêté de m’occuper de ces quêtes secondaires afin de poursuivre uniquement la quête principale car je n’y trouvais guère plus de plaisir. Exception faites pour celles donnée par Socrate, car j’appréciais beaucoup les échanges que Kassandra avec lui. C’était assez marrant de voir à quel point les dires du philosophes semblaient nébuleux à la misthios et à quel point elle ignorait qu’en face d’elle se tenait un homme dont les paroles serait encore étudier des siècles plus tard.

bateau

Je reconnais qu’il y a quand même parmi toutes ces quêtes secondaires quelques unes que j’ai bien aimé, notamment celle avec la Ligue de Délos, où des choix sont possibles ainsi que des ébauches de romances. Par essence, je ne suis pas spécialement fan de ce genre de chose, mais j’admets que cela à coté rafraichissant. D’autant plus agréable que le genre n’est pas pris en compte, Kassandra peut tout à fait passer une nuit avec un homme comme une femme, et ce n’est pas un détail négligeable. Je sais que certaines personnes ayant fait le jeu regrettait qu’il n’y ai pas eu plus d’effort fait sur cet aspect là. De mon point de vue, j’ai trouvé cela amplement suffisant. J’ignore comment fonctionnait les opus précédents par rapport à cela, mais je ne pense pas qu’il ait été au cœur des préoccupations. Il ne faut pas oublier qu’Assassin’s Creed n’est pas un rpg à la manière d’un Baldur’s Gate.


Pour continuer sur une note un peu moins optimiste, je tenais à parler du système plus que bancal des mercenaires. Il s’agit d’une mécanique qui été inventé pour Odyssey et qui finit par rendre fou au bout d’un moment. En effet, dès que l’on commet un méfait devant témoin, une jauge de mise à prix grandi jusqu’à attirer un mercenaire. Dans le principe, c’est plutôt une bonne idée mais au bout d’une longue partie, voir débarquer des mercenaires en plein milieu de la forêt ou dans l’océan sans aucune raison, cela devient vite gavant. Pourquoi ? Parce que la seule manière de s’en débarrasser n’est pas seulement de les tuer mais de soit payer notre prime ou assassiner le commanditaire – qui peut se trouver à l’autre bout de l’île. Alors, oui, si on est un bon assassin il n’y a pas de raisons qu’il y ait des témoins…ce n’est pas si simple. D’autant moins évident que les témoins deviennent fous et attaquent, ce qui renforce votre prime et donc augmente le nombre de mercenaires à vos trousses. Cela devient rapidement totalement stupide, toute la ville s’en va en guerre contre vous et l’unique façon d’y mettre un terme c’est retrouver le commanditaire et attendre. Oui, attendre de longue minutes. Niveau exaltation, on est proche du néant, quand même.

kassandra

Mais le pire reste les batailles navales. C’est juste un enfer. Je sais très bien que les peuples grecs étaient de très grands navigateurs et qu’ils usaient de leurs talents nautiques dès que l’occasion se présentait. Mais tout de même ! Rencontrer un navire au loin ne voulait pas dire nécessairement l’envoyer par le fond. Or, dans cette Antiquité là, mieux vaut raser les cotes pour ne pas entrer en conflit, sous peine de se voir désynchroniser relativement rapidement. Peut-être ne suis-je pas une bonne stratège, néanmoins vu le nombre de ressources demandé pour améliorer sa flotte, j’ai préféré éviter les affrontements inutiles. Sans doute, aurais-je été plus à même de consacrer plus de temps à cette mécanique si celle-ci m’avait plu. Or, pas du tout. Les manœuvres, l’énergie des rameurs qui fondent comme neige au soleil, les mercenaires marins avec des bateaux blindé…non, je n’avais vraiment pas l’envie de m’infliger tout ça. Evidemment, il existait une technique pour rendre moins couteuses les améliorations…augmenter son rang de mercenaire. A comprendre : tuer un maximum de mercenaires pour passer des échelons et obtenir des récompenses. Autant dire que l’idée ne m’a pas vraiment séduite.

Assassin’s Creed Odyssey : un mauvais jeu ?

Je ne serais pas si catégorique.

L’ambiance de la Grèce antique est bien là, on parvient très rapidement a entrer dans l’univers et même moi qui ne connaissais pas la grande intrigue, je n’ai pas eu de mal à m’imprégner du Lore. Par ailleurs, il ne serait pas juste de parler d’un mauvais jeu sur la seule base de mécaniques un peu rébarbatives, parce que c’est le lot de beaucoup d’autres jeux et qui pourtant ne pâtissent pas d’un avis aussi tranché. Il est néanmoins clair que tout n’est pas parfait. On a bien trop souvent l’impression d’avoir un immense territoire à explorer mais en fin de compte n’avoir que peu de chose intéressante à découvrir. Le manque de diversité au niveau du paysage n’est pas la faute d’Ubisoft, les îles grecques ne possèdent que peu de dissemblances entres-elles, mais cela accentue cette sensation de lassitude. En vérité, je crois que pour pouvoir profiter de ce jeu, il ne faut pas y jouer aussi régulièrement qu’un autre titre du genre, il est nécessaire de lui donner du temps afin d’éviter l’écœurement. Il faut l’essayer parce que l’intrigue principale est intéressante, mais je ne crois pas que l’on doivent le considérer comme un indispensable. Si vous le trouvez à un prix raisonnable, foncez, autrement attendez qu’il le soit.

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