A Plague Tale : Innocence, le joyaux indepéndant français

Quand un jeu indépendant français parvient à s’imposer sur la scène internationale, il semble primordial d’en parler. A Plague Tale : Innoncence, est l’un de ceux là ! Loin de moi l’idée de faire dans le chauvinisme, mais je dois admettre que le fait que ce jeu soit issu d’un studio bordelais a eu sa petite incidence quant à mon envie de le tester. Evidemment, en raison de son caractère historique et de la présence d’une héroïne charismatique; je ne pouvais pas passer à coté.

Rares sont les jeux se déroulant dans un moyen âge proprement historique. En effet, si la fantasy et plus précisément l’héroïque fantaisie s’inspire très largement des temps médiévaux, il demeure assez marginal que l’époque y soit fidèlement retranscrite. L’une de ces exceptions est probablement les trois premiers volets d’Assassin’s Creed. Mais depuis, il n’y a eu pour ainsi dire aucun titre franchement mémorable.

Un jeu indé plein de bonnes idées

J’ignore si je suis la seule dans ce cas, mais lorsque je pense aux jeux indépendants, j’ai toujours un certain a priori. Il est difficile de faire un jeu qui sorte de l’ordinaire et propose des nouveautés quand il n’y a que quelques personnes qui travaille dessus et je reconnais à tous les développeurs indépendants un indéniable talent. Je ne saurais jamais faire le dixième de ce qu’ils font, aussi je me trouve quelque peu critique mais je préfère être honnête. Les jeux indés je m’en intéresse jamais car on tombe sur des recettes simplistes dont le cœur du gameplay se résume, en une grande partie, de cache-cache légèrement pimentée par des fuites à l’aveuglette.

Evidemment, il y a quelques titres dont les mécaniques aussi classiques ont fait mouche. Je pense en particulier à Outlast et Layers of Fear. Mais pourquoi on-t-il su se démarquer du reste ? C’est là toute la question. Quiconque ayant joué (ou regarder un stream) de l’un de ces jeux vous répondra que leurs succès est dû à l’ambiance que les studios ont réussi à retranscrire dans leurs univers. Les jeux indépendants, plus encore que les AAA, doivent offrir une atmosphère recherchée et originale pour parvenir à se frayer un chemin jusqu’aux joueurs. Il est assez intéressant de noter que généralement ce sont les jeux d’horreurs indépendants qui s’illustrent. Sans doute la raison en est qu’il s’agit d’une part de l’industrie relativement pauvre en grande licence.

Les hack ‘n’ slash du type de Binding of Isaac ou Hadès ont eux aussi le vent en poupe et bénéficient de la part de leurs développeurs un travail appliqué en ce qui concerne leurs univers ainsi que leurs difficulté.

Mais du coup, dans quelle mesure A Plague Tale : Innocence s’inscrit-il dans cet héritage ?

la vie secrète de Clothilde

Seuls face au Noir Fléau

Le jeu français, n’échappe pas aux règles de bases énoncées plus tôt, mais celui-ci parvient tout de même à se distinguer grâce à une série de bonnes idées. En effet, lorsque l’on incarne Amicia, celle-ci possède un système de craft et quelques améliorations d’équipements. Bien entendu, il n’est pas question d’immenses arbres de compétences comme l’ont peut voir dans les jeux d’aventures. Néanmoins, il est possible de fabriquer pas loin de 5 sortes de munitions et il existe jusqu’à 3 niveaux d’augmentation de matériel. Ces efforts faits permettent de passer les niveaux de plusieurs façons. Evidemment, on n’est pas non plus sur du système létal/non létal à la Dishonnored, mais les nombreux objets pouvant être utilisés donnent quelques libertés aux joueurs…même si certains implique une grande dépense en terme de ressources. Il faut donc bien réfléchir avant d’agir.

Personnellement, je ne suis pas une experte des jeux dont le principal ressort est la furtivité, mais Plague Tale a réussi à me rendre patiente. Après, il est possible que l’amélioration de l’équipement permettant une plus faible détection couplée à la vue relativement défaillante des ennemis m’aient grandement aidé. Honnêtement, c’est vraiment vers la fin, que j’ai rencontré un peu plus de résistance, non pas pour me déplaire. La difficulté est très graduelle, on l’a ressent principalement à cause d’un léger changement de gameplay. En effet, parvenu vers le milieu du jeu, la furtivité demeure la priorité mais il devient de plus en plus nécessaire de jouer de la fronde pour s’en sortir. C’est à mon sens une très bonne chose, puisque cela permet à Plague Tale de proposer un peu plus de variété en terme de gameplay. Par ailleurs, l’implantation de compagnons au cours de l’histoire parvient une nouvelle fois à offrir une autre facette dans le système de combat mais aussi au cœur de l’intrigue.

Hugo de rune se réchauffant auprès du feu
Cour du prieuré
Moulin bucolique

1348 : La peste noire

Difficile de parler de ce jeu sans le remettre dans son contexte historique. L’aventure de la famille de Rune débute ainsi au cours de l’été de 1348, alors que l’ombre de la Peste se dessine indistinctement. Amicia et son père se trouvent en forêt lorsque leur chien disparaît dans ce qui ressemble à une cavité putrescente qui à tout l’air d’être vivante. Il ne s’est pas encore passé cinq minutes de jeu et déjà celui-ci nous indique qu’un mal suintant est à l’œuvre et qu’il n’aspire qu’à se nourrir. Le contraste qui existe entre cette belle journée d’été et cette vision d’horreur est clairement annonciateur de ce qui attend Amicia. De retour à son domaine, oui car la damoiselle est une jeune noble malgré une apparence relativement garçonne voire négligée, la jeune femme n’a guère le temps de digérer la mort de son animal que les hommes du grand Inquisiteur arrivent. Il s’en suit un massacre dont son frère et elle sont les uniques survivants.

Lorsque l’on rencontre pour la première fois Hugo, il nous est compliqué de cerner la relation qu’il entretien avec les membres de sa famille. Eloigné et tenu cloîtré dans sa chambre, il est uniquement visité par Béatrice de Rune, sa mère. De cette mise à l’écart découle une sorte de distance entre le frère et la sœur. En effet, même si Amicia était proche de son père, elle n’avait guère de contact avec le reste de sa famille et ignorait bien des choses. Hugo est un enfant spécial et fragile, nécessitant un traitement spécifique. Les secrets et mystères vont, au fur et à mesure, entourés le cadet. Désormais livrés à eux-mêmes, Amicia décide de suivre le dernier conseil de sa mère et s’en vont à la recherche d’un savant pouvant les aider à guérir Hugo.

 

C’est sur cette toile de fond que l’ensemble de l’aventure des De Rune va se dérouler. Au cours de leur quête, les deux enfants vont parcourir les ruines d’un monde qui, aveuglé de superstition, va sombrer dans la folie.

 

présentation

Une fresque agréablement vivante

Si j’ai autant parlé du fait de l’importance que revêtait l’originalité d’un jeu indépendant, c’est principalement parce qu’il est par essence une courte aventure. Aussi doit-il trouver des moyens de rendre l’expérience du joueur la plus agréable et immersive, tout en dosant l’utilisation des cinématiques pour ne pas faire apparaître une durée de vie artificielle. Il s’agit là d’un savant mélange que Plague Tale parvient à mettre en place avec une apparente simplicité. Pourtant, il n’est clairement pas aisé de donner de la profondeur à un jeu d’infiltration aussi linéaire. Ici, il n’y a qu’une route, pas moyen de s’en détourner mais dans quelques recoins, on peut trouver des objets et même des fleurs pour compléter l’herbier tenu par Hugo. On se doute bien qu’il n’y a pas une centaines d’items ou plantes à ramasser mais ce genre de petits détails sont tout à fait appréciables bien que non nécessaire à l’aventure en elle même. D’autant plus intéressant qu’ils permettent de créer des interactions avec les différents personnages.

Les personnages, voilà un point que Plague Tale n’a pas oublié de travailler. En effet, durant l’aventure, on est amené à rencontrer plusieurs compagnons. Loin d’être seulement des PNJ, ils possèdent tous des personnalités différentes mais ils ont tous un point commun : l’Inquisition et les rats leurs ont tout prix. C’est en raison des grands malheurs qui s’abattent sur le royaume de France que ces jeunes gens se rencontrent car il est sûr qu’ils n’auraient pu se retrouver à collaborer ensemble dans d’autres circonstances. Cette famille d’infortune va vite prendre ses marques, s’efforçant à se construire un foyer alors même que le monde semble voué à disparaître. Généralement, les groupes d’adolescents souffrent d’une mauvaise représentation au sein du l’univers vidéoludique, il est difficile d’éviter les clichés propres aux personnages de ces âges-là. Dans Plague Tale, le contexte historique permet à chacune de ses entités de ne pas tomber dans ce genre de travers et c’est très agréable ! Evidemment, dire que l’on échappe au classico-classique gros bras et au garçon manqué, serait mentir. Néanmoins, la tempérance avec laquelle leur caractère a été dessiné ne rend pas réellement compte de ce cliché.

Les enfants de Rune
Champ de bataille
Chateau
Alchimie

Et tout au long de l’aventure, il est possible de voir cette évolution qui se traduit par la dérive même des hommes de foi.

A Plague tale : innoncence, un jeu indé qui vaut bien celui d’un gros studio

Personnellement, je n’ai absolument pas regretté mon achat. Alors, oui, le gameplay n’est pas le plus excitant mais l’histoire est très bien ficelée. S’il n’apporte pas de mécaniques innovantes, il y a quand même des endroits où le jeu demande un peu plus que jeter un vase pour faire diversion. J’ai fini le jeu au bout de dix-sept heures, ce qui est vraiment pas mal pour un titre du genre…après, il faut peut-être prendre en compte le fait que j’ai parfois utilisé les mauvaises stratégies. Néanmoins, je vous invite à vous faire votre propre avis, mais si vous appréciez l’univers médiéval avec un soupçon de glauque et d’alchimie, alors vous allez être ravis !

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